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Les chroniques de Flore:

Du côté de la vie

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CHRONIQUE 16:

BONNES NOUVELLES ET PETITES CATASTROPHES !

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Aujourd'hui je me sens mieux. Il faut dire qu'après mon cocktail cortisone-coca- bains de bouche pendant plusieurs jours, ben oui, le coca soulage la douleur aiguë des aphtes qui se réveillent, je reprends courage. Enfin... cela ne fonctionne peut-être que sur moi.
Par contre, mon médecin ne serait pas content du tout. Chut, il ne le saura pas. De toute façon, je n'ai pas pris de la cortisone tous les jours. Juste un petit bout de comprimé le soir parfois. Ce n'est pas une raison pour prendre exemple sur moi !

Après la réunion, l'éducatrice me prévient :
-Il y a beaucoup d'enfants qui descendent aujourd'hui, me dit-elle.
Nous marchons d'un pas dynamique. En parlant, je ne vois pas la tablette en bois fixée horizontalement au mur, encore une nouveauté, et je me prends le coin en plein front ! Au secours, je vois des étoiles ! Le médecin qui a vu la scène se précipite et m'installe dans le fauteuil. On aurait dit que tout était prêt à l'avance : le médecin dans les parages, le fauteuil,...
Je me retrouve avec un tensiomètre au bras et une poche de glace sur une grosse bosse frontale.
Ayant finalement repris mes esprits, je regarde ma collègue et nous attrapons un fou rire. Rassuré, le médecin nous laisse.
Quelques minutes plus tard, les larmes de rire aux yeux, nous descendons avec les enfants puis, je reprends le travail en oncologie.

Finalement, Léo a eu des nouvelles rassurantes. Il est déjà en train de travailler quand j'arrive dans sa chambre :
-Mais tout va bien !
-C'est pour rattraper le retard. Je rentre cet après-midi et je pourrai retourner à l'école. Qu'est-ce que tu as là ?, me demande-t-il en regardant ma bosse.
-Petite distraction, rien de grave.
Je me retiens de rire. Sa maman profite de ma présence pour aller boire un café.
-Je peux revenir dans trente minutes ?, me demande -t-elle.
-Prenez votre temps.
Elle s'en va vite, vite.
-Elle doit téléphoner à son travail, me dit Léo. Elle est contente de reprendre son boulot.
Il sourit. Tout va bien.

Quelques chambres plus loin, Matteo se prépare. Il doit passer des examens complémentaires dans un autre hôpital.
-Nous partons pour plusieurs heures, me dit sa maman.
-Je ne pourrai pas travailler aujourd'hui.
-On se revoit demain, alors ?
-Oui, demain, il n'y a rien de prévu, me dit-il en souriant.

Je quitte le service pour me rendre dans l'autre salle. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent, sur Liloua et sa maman !
-Coucou, Léa !, me dit-elle en sautillant devant moi.
-Quelle belle surprise !
Sa maman respire la joie. Elles vont bien toutes les deux. Contrôle habituel. Puis, Liloua me dit :
-Tu sais que le papa de Renaud va lui donner son rein ?
-Bienvenu au club, ajoute la maman.
-Non, je n'étais pas au courant. Je passerai un de ces jours en dialyse.
-Sinon, rien de spécial, m'explique Liloua.
-Tu es toujours au courant de tout toi !
-On est passé ce matin avec maman mais Bénie dormait. Et il y a un nouveau. Un grand Younes, tu connais ?
Je pense :Oh, que oui. Retour dialyse. Quand on tombe sur la case « crise ado » on retourne à la case départ.
Sa maman la presse un peu en riant :
-Il faut y aller. Le médecin ne nous attendra pas toute la matinée ! Léa a du travail aussi.
-Merci pour tous ces renseignements mademoiselle. A bientôt.

En arrivant dans la salle au sixième, je perçois de l'agitation. La maman de Jeanette et Deby est dans le hall d'entrée, entourée de deux personnes du service. Elle n'est pas au bon étage. En passant devant elle, je constate qu'elle pleure. Pauvre femme, une accidentée de la vie.
Heureusement, Jeanette n'assiste pas à la scène... cette fois-ci.
Je m'engouffre dans la chambre de Myriame qui est à nouveau hospitalisée. Elle est seule et je retrouve son air triste. Gros cafard.
-Je suis de nouveau là, me dit-elle. Mon papa me ramènera mon travail ce soir. Je n'ai pas besoin d'oxygène en journée, juste la nuit. Normalement, je resterai moins longtemps que l'autre fois.
-C'est dur de revenir ici mais les nouvelles ne sont pas trop mauvaises.
-Oui. Tu sais, ma madame (son instit) trouve que c'est chouette que tu travailles avec moi.
-Super ! Et toi ?
-Moi aussi, me dit-elle en riant.
-Tu souris enfin !
Après un travail entrecoupé par le kiné, l'infirmière, nous pouvons quand même nous permettre un petit jeu. Je n'ai pas envie de la laisser seule. A la fin de la séance qui aura duré une partie de la matinée, finis les yeux tristes !

Midi sonne, je retrouve mes collègues autour de la table quand l'une d'elles me demande :
-Tu t'es cognée ?
Je plonge dans mes tartines pour ne pas rire, lorsque l'éducatrice ouvre la porte de la classe. En me voyant, nous repartons dans un fou rire qui entraîne les autres avec nous. Un morceau de pain dans la bouche, je manque m'étouffer. Mes collègues rient sans savoir pourquoi. Je me reprends, explique, et les rires reprennent de plus belle.
-Tu n'en rates jamais une, Léa ! 
Elle ne croyait pas si bien dire...

A peine une semaine plus tard, un matin, je demande à la responsable si je peux prendre un cahier dans le kot. Elle me répond que oui mais elle oublie de me dire qu'une boite tout en haut de l'étagère bloque la porte. Je n'ai d'ailleurs toujours pas compris qu'est-ce que cette boite faisait là.
Je pousse la porte et je reçois, sans crier gare, la boite en question devant les pieds, heureusement pas sur les pieds. Lorsque celle-ci touche le sol, sous le choc, une bouteille d'Ecoline jaune éclate éclaboussant mon pantalon et mes chaussures. Le bruit a attiré les quelques collègues déjà présentes.
-Mais qu'est-ce que tu as encore fait ?, me demande la responsable.
J'aime bien le « encore ».
-C'est tombé de... je ne sais où !
Elle regarde et s'écrie : 
-Mince alors, j'ai oublié de te prévenir !
-Me prévenir ?Tu te rends compte ? De l'Ecoline ! Je ne pourrai jamais faire disparaître ces taches !
Les éclaboussures ont déjà viré au vert !
Même le directeur est arrivé aux nouvelles. La honte. Il me dévisage comme si j'étais un alien.
La dame de service me dit :
-Enlève ton pantalon, vite ! Si je le passe directement à la machine tout va partir !
-Quoi ?, je la regarde médusée.
-Mets un tablier, on ne verra rien !
-Mais, je ne vais pas me promener toute nue sous mon tablier !
Tout le monde se met à rire.
Finalement, une de mes collègues me propose :
-Comme on a la même taille, je peux te passer le mien. Je mettrai le tablier, je reste quand même en classe. Les petits ne verront rien.
Nous disparaissons dans les toilettes d'où nous ressortons dans notre nouvelle tenue. Fou rire. 
Durant l'après-midi, nous récupérons chacune nos vêtements. Mon pantalon est propre, par contre, mes chaussures sont fichues. Pas l'air malin dans le métro.

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