LIVRES

En arrivant dans la salle de jeux avec Victor, à nouveau hospitalisé, je vois Anna installée près de la maman de Liline, un bébé de quelques semaines.
Liline, emmitouflée dans une douce couverture rose, s’endort dans les bras de sa mère. Anna tient sa minuscule petite main dans la sienne.
Elle se tourne vers nous et dit:
- Liline aussi a un cancer. Elle est toute toute toute petite ! C’est pas juste ! Elle est mignonne.
Victor, qui s’est déjà installé silencieusement, prépare ses classeurs et se met au travail. Anna embrasse le petit poing de Liline.
Soudain, dans le silence, s’élève la voix de Victor :
- Moi, quand j’étais petit, j’étais aussi mignon.
Alors, je lui réponds :
- Mais tu es toujours mignon !
Il ne quitte pas ses exercices des yeux mais je vois bien, à ses gigotements, que le compliment ou plutôt mon cri du coeur, le rend joyeux.
Il reprend alors confiance et se lance :
- Avant, j’étais beau. Les gens me regardaient, surtout quand j’étais petit. Je me souviens que je frimais avec mes lunettes de soleil bleues et ma casquette rouge. Ma maman devait toujours s’arrêter dans la rue parce que tout le monde me parlait. On ne pouvait pas mettre un pied dehors !
Avant de tomber malade, j’étais encore petit, tout mince. Je recevais des compliments.
Maintenant, on me regarde parce que je porte un masque et que je n’ai plus de cheveux. On voit tout de suite que je suis malade. Et finis les compliments !
Après cette émouvante intervention, Anna peut enfin parler :
- Ne t’en fais pas Victor, moi je t’aime bien comme ça. Tu es le plus beau Victor !!
- Moi, aussi j’ai quelque chose à dire !, intervient la maman de Liline, vous êtes tous beaux !
Victor et Anna se regardent en riant.
- Tu vois, Victor, ajoute Anna, je te l’avais dit ! Tu es le plus beau !

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