LIVRES

Victor travaille au ralenti, pas très motivé et surtout très silencieux. Il s’embrouille dans ses opérations, soupire. Je le laisse terminer sans rien dire.
Enfin, il dépose son crayon en soupirant:
-Ouf, fini!
-Eh bien, ce n’est pas la forme.
-Non, me répond-il, je n’ai pas bien dormi.
Encore un soupir. Il remonte sur son lit et continue:
-Je n’arrive pas à m’endormir avec la tête toute remplie… ça tourne à l’intérieur et ça m’empêche de dormir.
En fait, je me demande pourquoi je suis malade. Pourquoi je ne suis pas comme mon frère? Pourquoi les autres peuvent profiter alors que Moi je suis ici? Et pourquoi ça me tombe dessus? C’est pas juste!
Je me dis que Victor cherche à donner un sens à ce qu’il vit pour le comprendre et peut-être l’accepter.
Il continue:
-On croit qu’on va guérir mais parfois, on ne guérit pas. Moi, je voudrais guérir. J’ai envie de faire beaucoup de choses!
Je saisis la perche qu’il me lance:
-Qu’est-ce que tu aimerais faire?
Il se redresse, s’installe bien droit, sourit. Je préfère le voir comme ça!
Il poursuit:
-Plus tard, je serai conducteur de train pour voyager très loin. C’est mieux que pilote parce que dans l’avion, on ne voit que le ciel tandis qu’en train, on peut voir les villages, les montagnes et la mer.
Les gens ne me verront pas dans ma locomotive, mais je saurai que c’est Moi qui les emmène!

Tout en parlant, mon petit Victor remonte la pente, remplissant son coeur et son âme de courage et sa tête de belles images.
L’avenir est là, à portée de main. Il l’effleure du doigt. L’espoir lui donne le courage dont il aura encore bien besoin.

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