LIVRES

Anthony encore et toujours isolé dans sa chambre stérile, joue aux cartes avec sa maman. Il m’aperçoit par la vitre de sa chambre et m’invite à le rejoindre. Son visage pâle ne me dit rien de bon:
-Je n’ai plus de température mais maintenant, j’ai des boutons partout et ça chatouille!, dit-il en se grattant.
-Il n’arrête pas de se gratter, se plaint sa maman. Arrête! Tu vas te blesser.
Anthony frotte son dos contre le drap en se tortillant:
-Mais ça chatouille trop! Tu crois que je le fais exprès! En plus, j’ai mal au zizi!
-Du sang dans les urines, soupire la maman. Puisque vous êtes là, je sors m’aérer. Il peut s’installer à la table pour travailler.
Dès que la maman est partie, Anthony gémit:
-Je peux rester dans mon lit? Je n’ai pas envie de bouger. J’ai encore cette compresse entre les fesses! Tu peux installer la table de nuit?
Il saisit un vieil ours orange près de lui.
-Nous avons de la visite aujourd’hui?, lui dis-je à propos de l’ours.
-C’est mon doudou. Il est vieux. Avant, il était brun. J’ai demandé à maman de me l’amener.
Au début, elle ne voulait pas. Elle avait peur pour les poussières. Moi, j’ai insisté et tu sais quoi?
Il m’aide à m’endormir, quand elle s’en va. Le soir, je regarde des émissions et je pense que normalement on les regarde en famille. Maintenant que mon doudou est là, je ne suis plus tout seul.
-Comme ça fait du bien un doudou.
Il me regarde avec reconnaissance en souriant. Pourquoi un enfant de 10 ans ne pourrait-il pas avoir un doudou? Ils en ont un presque tous.
Pendant ce temps, j’ai distribué les dominos des tables de multiplications. Quand vient son tour, la grosse patte de l’ours place ses dominos au bon endroit. Ce n’est pas évident!
Il rit, je souris et entre quelques chatouillements, nous passons finalement un bon moment. OUF!

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